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Miracle Morning : miracle ou nouvelle injonction ?

  • Photo du rédacteur: mrousselpsy
    mrousselpsy
  • 24 juil.
  • 4 min de lecture

Le Miracle Morning

Se lever à 5h.

Méditer.

Faire du sport.

Lire.

Écrire.

Visualiser ses objectifs.

Tout ça avant 8h du matin.


Le concept du Miracle Morning, popularisé par Hal Elrod, a séduit des milliers d’entrepreneur.es et de professionnel.les en quête de performance et d’épanouissement.


L’idée est simple : commencer sa journée plus tôt pour « prendre de l’avance sur le monde » et se consacrer à soi.


Mais derrière cette promesse inspirante, une question persiste : Est-ce vraiment un miracle… ou une nouvelle injonction ?


Ce que le Miracle Morning propose


Le Miracle Morning repose sur l’idée que se lever tôt permet de :


  • créer un espace personnel de développement,

  • adopter une routine structurante et apaisante,

  • amorcer la journée avec clarté, énergie et intention.


En soi, ces intentions sont tout à fait louables. Et pour certaines personnes, cette routine matinale peut réellement avoir des effets positifs sur le bien-être, la motivation et l'organisation personnelle.


Quand la routine devient pression


Le revers de la médaille, c’est que cette routine peut aussi générer :


  • une forte pression à la productivité dès le réveil,

  • un sentiment d’échec quand on n’arrive pas à tenir le rythme,

  • une culpabilité tenace (« si je n’y arrive pas, c’est que je manque de volonté »),

  • une déconnexion de ses vrais besoins physiologiques.


Car se lever plus tôt ne convient pas à tout le monde. Et ce n’est pas une question de motivation, mais de biologie.


On n’a pas tous le même rythme : les phénotypes de sommeil


Certaines personnes se réveillent naturellement tôt, pleines d’énergie au saut du lit. Leur concentration est optimale dès les premières heures du jour, et elles apprécient avoir accompli beaucoup de choses avant midi. D’autres, au contraire, ont un réveil plus lent, peinent à se mobiliser le matin et trouvent leur pic de productivité en fin d’après-midi, voire en soirée.


Ce n’est pas une question de paresse, de discipline ou de motivation. C’est une question de chronobiologie, et plus précisément de chronotype, aussi appelé phénotype de sommeil.


Le chronotype désigne notre horloge interne naturelle : il détermine notre propension à être plutôt du matin ("alouette"), du soir ("hibou"), ou quelque part entre les deux. Il influence de manière significative :


  • notre niveau de vigilance au cours de la journée,

  • nos capacités d’attention et de concentration,

  • notre tendance à la procrastination,

  • notre humeur,

  • notre sensibilité au stress,

  • notre récupération physique et cognitive.


Ces rythmes sont en grande partie biologiquement déterminés et relativement stables à l’âge adulte, même si l’environnement, les obligations familiales ou professionnelles peuvent les contraindre temporairement.


Pourtant, notre société valorise largement les chronotypes matinaux. On glorifie les lève-tôt. On associe l’éveil matinal à la rigueur, à la réussite, à la maîtrise de soi. L’expression « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » incarne parfaitement cette norme implicite, et crée une pression supplémentaire sur ceux dont le fonctionnement est différent.


Le Miracle Morning en est une illustration contemporaine : il laisse entendre que se lever aux aurores est une clé universelle du succès. Or, vouloir calquer un rythme matinal sur un fonctionnement naturellement plus tardif, c’est aller contre sa propre physiologie.


Et les conséquences sont loin d’être anodines : fatigue chronique, irritabilité, troubles de la concentration, baisse de motivation, sentiment d’échec… mais aussi retrait social. Une routine trop matinale peut décaler les horaires de vie et rendre plus difficile la participation à des moments sociaux en soirée, ou générer un sentiment d’isolement quand le besoin de repos entre en conflit avec la vie relationnelle.


S’adapter à ses propres rythmes biologiques, c’est souvent bien plus productif, et durable , que de tenter de les dompter.


Une injonction moderne à aller bien


Le Miracle Morning s’inscrit aussi dans une tendance contemporaine : celle de l’obligation à aller bien.


Il alimente l’idée que nous pourrions et devrions contrôler nos humeurs et nos états d’âme à travers des méthodes structurées, accessibles, presque « plug and play ». Mais cette vision peut être simpliste et réductrice.


Nos états intérieurs sont complexes, influencés par notre histoire, notre environnement, nos vulnérabilités émotionnelles et parfois biologiques. Des routines matinales ne remplaceront jamais un cheminement personnel, un travail introspectif ou un accompagnement thérapeutique réellement adapté à notre singularité.


Ces outils peuvent accompagner. Mais ils ne peuvent tout résoudre.


Cette logique du faire plus pour aller mieux trouve aussi un écho dans la hustle culture : une culture de la performance constante, où chaque minute doit être « optimisée » pour produire, progresser ou réussir. Mais quand l’optimisation devient obsessionnelle, le bien-être se transforme en nouvelle exigence… et le repos en faiblesse.


Et si le vrai miracle, c’était de s’écouter ?


Plutôt que d’appliquer une routine toute faite, pourquoi ne pas créer la tienne, en fonction de ton propre rythme, de tes besoins réels, de ta vie actuelle ?


Il ne s’agit pas de rejeter le Miracle Morning, mais de le replacer dans une perspective plus souple :


✅ Oui à la structure.

✅ Oui au temps pour soi.


Mais pas au détriment de la santé mentale, de la fatigue accumulée ou du respect de soi.


En résumé


Le Miracle Morning peut être une source d’inspiration. Mais il peut aussi devenir une injonction à la performance, sous couvert de bien-être.


Écouter son rythme, c’est déjà un acte de lucidité.

Créer une routine sur mesure, c’est un acte de soin.

Et ça, c’est peut-être plus miraculeux qu’un réveil à 5h.



Une note importante


Cet article propose un point de vue, avec l’intention d’ouvrir une réflexion plus nuancée sur les discours de performance.


Me contacter


Je suis psychologue & neuropsychologue à Montréal. J’accompagne les entrepreneurs et les professionnels en quête de clarté, d’alignement et de mieux-être psychologique. Mon approche souhaite ouvrir des espaces où les parcours peuvent être interrogés, légitimés et vécus sans injonction ni culpabilisation.


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