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"Hustle culture" : entre ambition et épuisement, quel impact sur la santé mentale ?

  • Photo du rédacteur: mrousselpsy
    mrousselpsy
  • 18 juin
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 juin

Hustle culture et surcharge mentale – Impact sur la santé psychologique

Sur les réseaux sociaux, les mantras “Work hard, play never” ou “Sleep is for the weak” sont devenus presque banals. La hustle culture, cette glorification de la performance constante et du dépassement de soi, séduit de nombreux travailleurs et entrepreneurs en quête de réussite. Mais derrière l’image inspirante se cache souvent une réalité plus fragile : surcharge mentale, anxiété, épuisement.


En tant que psychologue et neuropsychologue, j’observe régulièrement les impacts de cette dynamique sur le fonctionnement cognitif et émotionnel des individus. Si elle peut parfois stimuler la motivation et donner un sentiment de contrôle, la hustle culture, lorsqu’elle devient la norme, finit souvent par nuire à la santé mentale. Cet article propose de faire le point sur ses effets, ses pièges… et des pistes pour en sortir sans renoncer à ses ambitions.


Qu’est-ce que la hustle culture ?


La hustle culture valorise le fait de “travailler plus pour réussir plus”. Elle s’enracine dans un imaginaire entrepreneurial où la valeur d’un individu se mesure à sa productivité, à sa capacité à enchaîner les projets et à rester toujours “occupé·e”. Apparue dans les milieux technologiques et créatifs (notamment aux États-Unis), elle est aujourd’hui largement diffusée via les réseaux sociaux, où l’on glorifie les journées de 14 heures, les “miracle mornings” à 5 h, et la grind mentality.


Elle repose souvent sur une promesse implicite : plus vous vous donnez à fond, plus vous méritez votre réussite. Mais à force de l’adopter sans recul, beaucoup finissent par s’épuiser psychologiquement.


Les bénéfices potentiels à court terme


Il serait simpliste de ne voir dans cette culture que des effets négatifs. À court terme, elle peut en effet générer :


  • Un sentiment de compétence et d’efficacité : cocher ses tâches, relever des défis stimule le système dopaminergique et renforce la motivation.

  • Une structuration rassurante du quotidien, pour celles et ceux qui ont besoin de contrôle.

  • Une impression de maîtrise de son destin, d’être dans l’action plutôt que dans la passivité.


Dans certains contextes, elle peut donc favoriser la créativité, l’innovation, ou permettre de traverser des périodes charnières avec intensité.


Les effets délétères sur la santé mentale


Mais cette course à la performance a un coût. Sur le plan psychologique et neurocognitif, les impacts sont multiples :


  • Épuisement émotionnel et burn-out chez les professionnel·les les plus engagé·es.

  • Anxiété de performance et sentiment de culpabilité lors des temps de pause.

  • Troubles du sommeil liés à une hyperstimulation cognitive constante.

  • Dissociation entre identité et valeurs profondes : on finit par ne plus savoir pourquoi on agit ainsi.

  • Altération des fonctions exécutives : surcharge du système attentionnel, fatigue décisionnelle, baisse de la flexibilité cognitive.


Certaines personnes compensent temporairement par des stratégies d’hypercontrôle ou d’auto-optimisation… jusqu’à ce que leur système sature.


Pourquoi est-ce si difficile de décrocher ?


Plusieurs mécanismes psychologiques et sociaux entretiennent ce mode de fonctionnement :


  • Le renforcement social (likes, reconnaissance, admiration) associé à la productivité.

  • La comparaison sociale constante, exacerbée par les réseaux.

  • Des biais cognitifs puissants : peur de l’échec, pensée dichotomique, croyances rigides (“si je ralentis, je perds ma valeur”).

  • Un sentiment d’identité conditionnelle : “je vaux quelque chose si je réussis”.


Décrocher, c’est aussi confronter le vide, l’ennui, ou la peur de ne pas être “assez”. Il ne s’agit donc pas simplement de “lever le pied”, mais de transformer en profondeur son rapport à soi, au temps, et à la réussite.


Retrouver un équilibre : pistes concrètes


En thérapie, voici quelques axes qui peuvent être travaillés :


  • Clarifier ses valeurs (et non seulement ses objectifs).

  • Identifier les schémas mentaux rigides : “je dois être productif pour mériter”.

  • Restructurer les pensées anxiogènes liées au repos ou à la lenteur.

  • Travailler l’auto-compassion et la reconnaissance de ses limites cognitives.

  • Redonner une place à la présence, au plaisir, à l’inutile : des éléments essentiels au bon fonctionnement du cerveau.


Accepter de ralentir, c’est souvent la condition pour mieux créer, mieux choisir… et mieux vivre.


En conclusion


La hustle culture n’est pas à rejeter en bloc. Elle peut porter un élan, une envie de contribuer, d’oser, de dépasser ses limites. Mais lorsque cet élan devient dogmatique, il génère plus de souffrance que de sens. J’invite chacun·e à interroger son rapport à la réussite et à faire de l’alignement — plutôt que de la performance — le véritable moteur de son quotidien.


Cet article exprime un point de vue clinique. Il ne vise pas à disqualifier toutes les approches d’optimisation ou de développement personnel, mais à encourager une lecture nuancée et consciente des mécanismes en jeu.

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